La mission SMART-1 de l'ESA sur la Lune surveille l'illumination des pôles lunaires depuis le début de 2005, environ deux mois avant d'arriver à son orbite scientifique finale.
Depuis lors, la caméra embarquée AMIE a pris des images qui sont même capables de montrer des zones polaires dans des conditions de faible éclairage. Des images comme celles-ci aideront à identifier s'il existe des pics de lumière éternelle aux pôles.
SMART-1 a pris des vues de la région polaire du Nord à une distance de 5000 km lors d'une pause dans la descente en spirale vers l'orbite scientifique. On peut voir des terrains montagneux, très fortement cratérisés en raison de leur vieillesse. Les bords des grands cratères projettent de très longues ombres même sur les éléments environnants. SMART-1 surveille les ombres polaires projetées pendant la rotation de la Lune et leurs variations saisonnières pour rechercher des endroits avec un éclairage durable.
L'image montre une zone de 275 km près du pôle Nord (coin supérieur gauche) observée par SMART-1 le 29 décembre 2004 à une distance de 5500 km. Cela montre un terrain montagneux fortement cratérisé et est utilisé pour surveiller l'illumination des zones polaires et les longues ombres projetées par les grands bords du cratère.
SMART-1 a également observé une zone polaire nord de 250 km de large le 19 janvier 2005 (près du solstice d'hiver nord) à une distance de 5000 km. La partie éclairée du bord du cratère est très proche du pôle Nord et est candidate à un pic de lumière solaire éternelle.
«Cela montre la capacité de SMART-1 et de sa caméra à imager même pour de faibles niveaux de lumière aux pôles et à prospecter des sites pour une exploration future», explique Jean-Luc Josset, chercheur principal de la caméra AMIE (SPACE-X, Suisse).
"Si nous pouvons confirmer les pics de lumière éternelle", ajoute Bernard Foing, scientifique du projet SMART-1, "ceux-ci pourraient être des emplacements clés pour d'éventuels futurs avant-postes lunaires".
L'existence de pics de lumière éternelle aux pôles, c'est-à-dire des zones qui restent éternellement illuminées quelles que soient les variations saisonnières, a été prédite pour la première fois dans la seconde moitié du XIXe siècle par l'astronome Camille Flammarion. Même si pour la majeure partie de la Lune, la longueur de la journée ne varie pas sensiblement au cours des saisons, ce n'est pas le cas sur les pôles, où l'éclairage peut varier considérablement au cours de l'année. Les conditions d'éclairage les moins favorables se produisent autour du solstice d'hiver nord, vers le 24 janvier. Il y a des zones au bas des cratères quasi polaires qui ne voient pas le soleil direct, où la glace pourrait potentiellement être piégée. Il y a aussi des zones à plus haute altitude sur le bord des cratères polaires qui voient le Soleil plus de la moitié du temps. Finalement, il peut y avoir des zones qui sont toujours éclairées par la lumière du soleil.
Source d'origine: communiqué de presse de l'ESA